Que peut un seul ECOLO au Conseil du Centre Public d’Action sociale ?

Ren_Mahy_-_conseiller_CPAS_-_Rebecq
Publié le 23 Avr 2012
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Que peut un seul ECOLO au Conseil du Centre Public d’Action sociale ?

Actuellement, René Mahy représente le groupe ECOLO au Conseil du CPAS. Il a succédé à Martine Baudin qui avait succédé à Luc Schoukens aux dernières élections. Dans ce Conseil, dont les réunions se tiennent à huis clos (sans presse ni public), la répartition suit celle du Conseil communal : un président et 4 conseillers et conseillères du parti au pouvoir (Action communale) et 4 conseillers des partis de l’opposition (3 Entente Communale et 1 ECOLO). Pour mieux comprendre comment peut agir un mandataire isolé, nous avons interrogé René sur son travail de conseiller CPAS.

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Comment es-tu devenu conseiller CPAS ? As-tu été élu aux élections communales ?

Il n’y a pas d’élections pour les conseillers du CPAS. Ce sont les groupes politiques qui siègent au Conseil communal qui se partagent ces postes en proportion de leurs résultats. Suite aux élections communales de 2006, ECOLO a pu bénéficier d’un poste. J’ai été désigné en 2008 pour remplacer Martine Baudin qui souhaitait arrêter cette fonction pour des raisons familiales. Le Conseil a accepté ce remplacement.

 

T’étais-tu préparé pour ce poste ?

J’ai été conseiller communal de 1994 à 2000, ce qui m’a déjà permis de suivre la gestion du CPAS via le Conseil communal. Depuis, je suis ces dossiers avec les mandataires de la Locale ECOLO de Rebecq et notamment les conseillers CPAS ECOLO qui m’ont précédé, Luc Schoukens et Martine Baudin. Ils me  tenaient au courant et continuent d’ailleurs à m’aider. Je suis aussi les questions sociales dans l’actualité politique en général et dans le travail du parti ECOLO.

 

En quoi consiste concrètement ton mandat ?

J’assiste à une réunion du Conseil du CPAS tous les mois avant laquelle j’essaie de consulter les dossiers chez le secrétaire du CPAS. A ces réunions, on discute de tout ce qui est du ressort de l’actions sociale mais pas des dossiers de personnes. On vote sur des décisions qui concernent, par exemple, les comptes, les projets, les services sociaux, la gestion de la Maison de retraite, des crèches, du personnel. Deux fois par mois, j’assiste aussi aux réunions du Comité qui examine les dossiers des personnes aidées par le CPAS. Ces dossiers sont présentés par les assistants sociaux. On discute de leurs propositions d’aide aux personnes et on décide. Je participe aussi deux fois par an environ aux réunions de deux commissions : celle qui suit l’accueil de la petite enfance (de 0 à 3 ans) c’est-à-dire les crèches communales de Rebecq (dans l’ancien hospice des vieillards) et de Quenast (dans l’ancienne cure, à côté de la salle communale), les plaines de jeux des petits et la commission qui suit le fonctionnement de la maison de retraite.

 

Te sens-tu utile malgré ton isolement ?

Tout-à-fait ! J’assure une vigilance démocratique essentielle face à une majorité communale absolue et cela d’autant mieux que je suis le seul mandataire de l’opposition à suivre effectivement les réunions du Comité de suivi des dossiers d’aide sociale. Je relaie les options écologistes dans les débats décisionnels. Je suis particulièrement vigilant quant à la défense des personnes qui me semblent les plus fragiles socialement : les femmes qui se retrouvent seules avec charges d’enfants sans aide du père, les jeunes largués par leur famille, … Je suis aussi attentif à l’organisation communale de l’aide sociale et à l’utilisation de ses moyens en exigeant la limitation des gaspillages, la prévention de dépenses par des mesures écologiques, en poussant à la réflexion sur l’organisation des services. Enfin, j’assure un relais d’information et de réflexion politique avec l’équipe ECOLO qui s’investit dans le fonctionnement du Conseil communal. Sans dévoiler ce qui relève des situations personnelles, je tiens mon groupe informé de l’évolution des dossiers qui sont du ressort du CPAS. Cela permet d’éclairer les avis et les votes en Conseil communal.

 

Qu’est-ce qui ne va pas pour toi, au CPAS de Rebecq ?

D’abord le manque de transparence pour la population qui ne peut jamais suivre directement le travail du Conseil du CPAS. Ensuite, l’importance trop grande que prend la gestion de la Maison de retraite. Une grande partie du temps et des ressources de l’action sociale y sont consacrées alors qu’elle ne permet d’héberger qu’environ 80 personnes sur une population de plus de 10.000 habitants. Enfin, le choix d’intégrer l’accueil des petits enfants dans l’action sociale n’est peut-être pas la meilleure option. Tous les enfants n’ont pas besoin d’une action sociale spécifique.

 

Que préconise ECOLO alors ?

Les séances du Conseil du CPAS pourraient tout à fait être publiques comme le Conseil communal. L’aide aux personnes âgées pourrait être organisée de manière à permettre davantage une fin de vie dans sa maison. Je me suis ainsi opposé à la construction d’une nouvelle aile pour la maison de retraite. Il faudrait plutôt investir dans davantage de services à domicile et dans le soutien aux aidants. C’est important parce que les aidants sont majoritairement des aidantes et qu’il ne d’agit pas d’obliger de nouveau les femmes à assurer ce type d’aide. La gestion de la petite enfance pourrait retourner à la Commune comme cela se fait dans d’autres communes. Cela permettrait au Conseil de s’occuper mieux des vrais besoins sociaux.

 

Quelles sont les demandes qui arrivent au CPAS de Rebecq ?

Il s’agit surtout de demandes d’aides financières pour des ménages qui se retrouvent en difficulté pour différentes raisons : surendettement surtout, mais aussi perte d’emploi et exclusion du chômage, sans oublier les demandes de revenus d’intégration sociale (le fameux RIS) notamment pour des mineurs en difficulté. A côté des aides financières, il y a des demandes d’aides spécifiques : recours au fonds mazout et à l’aide énergie, coups de pouce pour consommer moins d’énergie (ex pour installer une nouvelle chaudière), chèques pour des activités sportives ou pour suivre des activités culturelles, etc. Ensuite, ce sont des demandes de logement. Il y a enfin les demandes de l’Office des Etrangers pour assurer l’accueil de réfugiés.

 

Qu’est-ce qui te frappe le plus dans ce suivi d’action sociale ?

D’abord l’importance des problèmes rencontrés par les femmes. La majorité des dossiers que nous examinons concerne des familles monoparentales composées de mères avec enfants. Ces femmes peinent à obtenir les pensions alimentaires qui leur sont dues pour les enfants et à rester dans le circuit du travail. Je trouve aussi qu’on donne des aides à l’énergie pour permettre aux familles d’avoir du chauffage ou des aides pour payer l’eau de distribution mais qu’on n’investit que très peu et pas systématiquement pour que leurs logements soient moins consommateurs d’énergie et d’eau. Par exemple, il n’y pas assez de souci concernant l’isolation des maisons et des équipements ou des conseils pour une consommation économe d’eau. Enfin, le CPAS, en tant que partenaire du Plan de Cohésion sociale, est concerné par la construction des logements pour couples âgés démarrée en bas du cimetière de Rebecq. ECOLO s’est battu contre ce projet depuis le début car il mettait les personnes âgées dans un endroit isolé voisin d’une zone inondable. Maintenant, ces constructions inachevées sont à l’abandon, régulièrement abîmées. C’est un véritable fiasco humain, paysager et financier. Enfin, le fait que le président du CPAS soit parent direct du bourgmestre reste pour moi un scandale démocratique. Quand les usagers ne sont pas contents du CPAS, il reste à interpeller la Commune et quand le premier est présidé par le père du chef de la seconde, ce n’est vraiment pas évident, surtout pour des gens en difficulté.

 

Qu’est-ce que tu apprécies le plus dans l’exercice de ton mandat ?

J’apprécie beaucoup la disponibilité et la gentillesse du personnel du CPAS pour m’informer et m’expliquer les choses en cas de besoin. J’estime aussi important de pouvoir exercer un rôle de contrôle démocratique. Même si je suis largement minoritaire au Conseil, je peux examiner les dossiers, poser des questions, tenter d’infléchir des décisions, proposer des pistes de travail… Je suis aussi frappé de l’importance des relations humaines. Tant que Rebecq gardera une dimension de village, la connaissance que le Conseil a des personnes dont les dossiers sont sur sa table permettra des décisions qui conviennent au mieux. Cette proximité, par contre, pousse parfois à des attitudes paternalistes. J’essaie toujours de favoriser une véritable autonomie pour les personnes en difficulté. L’action sociale est un droit que la société a durement acquis et qu’il faut préserver. Il s’agit de partager au mieux les ressources entre tous, pas de faire la charité aux plus méritants !