A propos de la demande de permis d’extension d’exploitation pour une activité d’élevage industrielle de 39.000 poulets de chair, notre conseiller communal, Christian Mahy, s’est rendu sur place et a pu discuter avec l’exploitant. Si ce dernier informe qu’il mettra de nombreuses actions en oeuvre pour respecter toutes les règles relatives à ce type d’exploitation et rassurer les riverains,  nous ne pouvons nous empêcher d’estimer que plus devrait être fait.

En effet, pour cette demande de permis, il n’est pas prévu qu’une enquête d’incidence soit réalisée, et ce parce que la demande concerne 39 000 poulets et que pour obtenir la mise en œuvre d’une telle enquête, il en faut 40.000 ! Si le projet peut faire face à tous les inconvénients et nuisances listés ci-dessous (en termes de bien-être animal, de nuisances sonores, d’impact sur la sécurité routière et la mobilité, de nuisances environnementales, de risques sanitaires, d’aspects économiques, de suffisance alimentaire, d’alternatives et de communication), alors pourquoi ne pas organiser tout de même une enquête d’incidence qui pourrait le démontrer de manière objective ?

(texte mis à jour le 29 janvier 2012)

Bien-être animal:
Ce type d’élevage concentrationnaire amène un traitement des animaux que nous ne pouvons accepter : espace réduit, stress permanent, mutilations. 

Nuisances sonores:
Dans le cas spécifique de Rebecq qui nous concerne, nous sommes surpris que dans un type d’élevage par essence non respectueux du bien-être animal, les animaux seront transportés par camions de nuit afin de ne pas augmenter l’impact du stress sur les poulets.

Impact sur la sécurité routière et la mobilité:
L’accès (petit chemin) menant à l’exploitation n’est pas du tout adapté à un charroi supplémentaire de 200 camions par an. Nous rappelons que dans le cadre du schéma de structure, nous plaidons pour que les activités nécessitant un charroi important soient concentrées le long des deux nationales traversant notre entité.

Nuisances environnementales:
Cet élevage dénaturé entraîne régulièrement des nuisances environnementales : odeurs, rejets dans l’atmosphère (dont l’ammoniac et le formol), effluents, pollution des sols et des nappes phréatiques (et donc ici de la Senne) par l’épandage des fientes. Quel est le contrôle effectué pour en vérifier le bon respect des modalités ?

Ici, le demandeur de permis fait savoir que l’exploitation serait construite sur une épaisse dalle de béton mais rien n’est dit sur où iront les eaux de rinçage de cette dalle lorsqu’elle sera lavée.

Risques sanitaires:
Autres nuisances fréquentes, les retombées médicales: les cas de grippes et pestes aviaires défraient souvent la chronique sans parler des résidus de médicaments et pesticides dans la viande.

En 2008, une étude réalisée par Test-Achats (N°525 – novembre 2008) mettait en évidence les éléments suivants à propos des poulets issus d’élevages industriels : « la viande de poulet est particulièrement sensible aux germes pathogènes Salmonelles et Campylobacter. Le nombre d’Escherichia coli (NDLR: la bactérie qui a fait plusieurs morts lors de l’été 2011) est un indicateur de l’hygiène lors de l’abattage et du traitement de la viande. 25 des 70 échantillons étaient fort contaminés. Nous avons trouvé des Salmonelles dans 4
échantillons : 2 cuisses, 1 saucisse et 1 burger de poulet. Nous avons retrouvé des Campylobacter dans 8 échantillons. Cela concernait toujours des produits avec peau tels que des cuisses, des ailes, etc. Seuls 4 échantillons sur 70 obtiennent un très bon score pour la microbiologie. »
« Plus de 8 échantillons sur 10 révèlent une qualité microbiologique médiocre, due dans la plupart des cas à la présence de germes potentiellement pathogènes. La viande de poulet contaminée reste donc l’un des plus grands problèmes de sécurité alimentaire, qui nécessite d’urgence une approche sérieuse. » (TA N°453 – Avril 2002). 

Aspects économiques:
Nous ajoutons les effets économiques et sociaux regrettable s: pour pouvoir produire à moindre prix, il faut minimiser les coûts (aliments bon marché, automatisation pour réduire la main-d’œuvre) et produire un maximum, ce qui concurrence les éleveurs artisanaux. Toute concentration industrielle de production agricole non liée au sol constitue une grave atteinte au droit des agriculteurs qui souhaitent exercer leur métier dans le respect de la nature, des animaux et… des consommateurs.

Dans le cas qui nous concerne, nous pourrions à la limite comprendre que l’exploitant soit libre de faire ce qui lui plait sur sa propriété. Seulement, ici, après consultation du dossier, il semble que le permis soit demandé pour une construction sur un terrain en location, qui ne lui appartient donc pas. Il semble que le propriétaire de ce terrain soit contre ce projet. Si cette information s’avérait exacte, pourquoi de nombreux Rebecquois devraient-ils accepter tous les inconvénients de ce projet alors que le propriétaire du terrain lui-même est contre ?

Suffisance alimentaire:
Il y a encore des considérations éthiques : pendant que nous engraissons nos animaux à l’aide de fourrage importés en partie du Sud (racines de poissons, tourteaux de soja, céréales et autres cultures fourragères), une grande partie de la population mondiale souffre encore de déséquilibre alimentaire et des centaines de milliers d’enfants meurent chaque année de malnutrition. Participer à la régulation de consommation de protéines animales n’est d’ailleurs pas seulement une question d’équité, c’est aussi une question d’hygiène alimentaire.

Des alternatives sont possibles:
Il est important que les agriculteurs puissent diversifier leur production. Mais pas dans ce sens. Peut-être les autorités ont-elles un rôle à jouer dans la promotion et l’accessibilité de leurs produits, par exemple par la réalisation d’une boutique coopérative locale et/ou les centrales d’achats.

Nous vivons dans une sous-région où nous avons la chance d’avoir, à environ 15 km de Rebecq, une ferme qui vend sa production de viande en circuit direct du producteur au consommateur. On y trouve de la viande bien meilleure qu’en grande surface , et à un prix moins élevé. Le producteur reçoit un prix où il peut équitablement gagner sa vie et le consommateur gagne sur la différence épargnée par le non recours à une multitude d’intermédiaires de distribution.

La ferme que nous connaissons à proximité de Rebecq a aussi généré des emplois locaux : plusieurs serveuses-vendeuses au comptoir et 5 ou 6 artisans bouchers en atelier. Faut-il se remémorer le scandale des hamburgers composés de viandes de plusieurs pays qui ont contaminé des enfants à Lille l’été dernier ?

Nous ne doutons pas que de nombreux Rebecquois sont prêts à soutenir l’agriculture paysanne et sont intéressés par des filières courtes pratiquant des prix justes et raisonnables.

Conclusion:

Pour toutes ces raisons, en l’état actuel des choses, nous souhaitons que ce permis d’exploiter ne soit pas accordé et qu’une démarche soit entreprise auprès du demandeur afin d’examiner avec lui des possibilités d’élevage plus positives : exploitation de taille modeste, parcours libre pour les animaux, races locales plus rustiques et plus recherchées, alimentation biologique, obtention de label de qualité, compostage des rejets, traitement des eaux usées, etc.